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Hommage rendu à Monsieur Urbain,
                   par Serge Perrochon maire de Nohant,
        lors de la Cérémonie d'obsèques le mardi 2 août 2005

Monsieur URBAIN, véritable homme public, infatigable et passionné, c’est votre village par ma voix
qui vous rend hommage aujourd’hui.
Monsieur Urbain naquit en 1921 à Jussy le Chaudrier. Cet enfant vint combler de bonheur ses parents
qui s’affairaient aux lourdes tâches de paysan. Bon élève, dira-t-il j’ai fini par devenir instituteur ; "non
par vocation car je voulais être agriculteur comme mon père." Il obtint son brevet en 1937, puis le Bre-
vet Supérieur en 1941, sortant major de sa promotion, à l’école normale de Bourges, le certificat d’apti-
tude d’éducation physique en 1940, le certificat d’aptitude professionnel en 1941 et le certificat d’apti-
tude de l’enseignement agricole en 1946. Ce dernier certificat dont il savourait un plaisir intérieur car
pour lui un arbre ne pouvait véritablement s’épanouir qu’avec des racines vivantes.
Il fut nommé pour son premier poste à Jars, en octobre 1941 puis à Concressault en 42. Il commença à
enseigner dans des postes vacants de prisonniers de guerre. Jusqu’à ce qu’on le révoque, trois ans plus
tard, pour avoir refusé d’aller faire le service de travail obligatoire STO en Allemagne. Il entre alors
dans la résistance. C’est en 1944, qu’il revêtit sa blouse grise, toujours entrouverte, se sentant à l’aise, il
est alors nommé à Santranges puis Précy en 1945.
En 1951, cette fine plume arrive à Nohant en Graçay, pour exercer son métier d’instituteur auquel il était
profondément attaché. A ses quatre enfants, Marie Thérèse, Jean-Paul, Alain, Evelyne ainsi qu’à ses
petits enfants, il a transmis en homme libre, responsable et sensible les valeurs auxquelles il a consacré
toute son existence, respect de l’homme, souci de la liberté, sens de la solidarité. Outre sa fonction
d’instituteur qu’il assume jusqu’en 1981, il devint secrétaire de mairie, l’animateur, l’interface entre le
maire et les administrés. Il fut également conciliateur entre 1980 et 1982. Le fidèle collaborateur, de
Monsieur Moreau maire jusqu’en 1971, puis de Monsieur Perreau jusqu’en 1983, ensuite de Monsieur
Bruneau jusqu’en 1987, date à laquelle il passe la main pour vivre une retraite paisible. Au cours de ses
activités, il organise ses journées comme un artisan qui doit coordonner divers travaux. P" our moi, tout
compte de la même manière, dira-t-il, tamponner des imprimés à la mairie ou dispenser une leçon de
français, tout m’intéresse." Fasciné par la sociologie rurale, il tisse un réseau infini de relations. Il n'y à
pas un seul foyer Nohantais qui n'eut reçu sa visite. Familier des lieux où il exerçait et vivait, passant de
l’école à la mairie, toujours disponible et à l’écoute de ses nombreuses visites, respecté et écouté par ses
élèves. Serviteur lucide et acharné de l’école publique. Telle une plume magique, les mots, les chiffres
s’imprimaient au tableau, avec finesse et facilité. De la pointe de son stylo à bille, le vocabulaire et la
grammaire se traduisaient par des phrases, courtes, ponctuées, jouant avec la complexité de notre langue
française.
"Notre mission"disait-il "est d’apprendre à lire, à écrire et à compter". Mais ce qu’il a transmis à ses
élèves ce fut surtout une manière de vivre, un art de la vie. En 1946, rattrapé par ses origines, après l’ob-
tention d’un certificat d’aptitude d’enseignement agricole, il visita les exploitations, examina les
plantes, le matériel et les sols. Il organisa des démonstrations, des conférences, prépara les jeunes au
CAP agricole. La délégation régionale de Poitiers lui confia la vérification des cultures fourragères, le
chargea d’apposer sur chaque sac les scellés officiels des semences et plants. Ce fut sa manière d’être
cultivateur. Sa vie de retraité fut rythmée par les saisons, par les teintes d’automne et du printemps.
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