Page 7 - PetiteJeanne
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Et la pauvre malheureuse se mit à pleurer. Sa petite fille pleura aussi en l'embrassant. Elle avait l'air si
doux et si aimable, cette petite, que la mère Nannette sentit fondre son coeur en pensant à la misère
qu'elle endurerait quand l'hiver serait venu. Aussitôt il lui vint dans l'idée de faire une bonne action.

                           La mère Nannette donne asile à Catherine.

«Comment vous appelez-vous donc? demanda la mère Nannette.

--On m'appelle Catherine Leblanc.

--Eh bien! Catherine, j'ai là un vieux lit, une paillasse et une couverture; si vous voulez rester ici, je
vous logerai de bien bon coeur et je vous soignerai de mon mieux, ainsi que votre petite; j'aime
beaucoup les enfants; j'en ai eu quatre, que le bon Dieu m'a retirés, et je suis bien seule au monde.

--Grand merci! ma brave femme; vous me rendrez là un service qui nous sauvera la vie à moi et à mon
enfant. J'ai encore mon lit, avec un coffre et une petite chaise. Maître Guillaume, le cousin de feu mon
pauvre homme, me les garde dans sa grange; il me les apportera bien dimanche. Si vous me logez avec
mon chétif mobilier, je vous donnerai les sous que je ramasserai en allant aux portes.

--Je ne vous demande rien, Catherine; j'aime déjà votre petite Jeanne et j'en aurai bien soin. Dieu veut
que nous fassions aux autres ce que nous voudrions que les autres fissent pour nous; et si j'étais dans
votre position, je serais bien heureuse de trouver quelqu'un qui voulût me recevoir dans sa maison.»

Catherine était bien contente, et sa petite fille lui sauta au cou.

«Maman! il ne faut plus pleurer,» lui dit-elle.

Puis, se tournant du côté de la mère Nannette, elle dit en baissant la tête:

«Je voudrais bien vous embrasser aussi.»

La mère Nannette la prit sur ses genoux et l'embrassa de bon cœur.

                            Catherine et Jeanne trouvent un bracelet.

Après que la mère et la fille se furent reposées, elles se remirent en chemin pour aller chercher leur
pain dans la campagne, en disant qu'elles reviendraient le soir. Comme on était dans la saison des
prunes et des groseilles, la mère Nannette en alla cueillir au jardin et les mit dans le bissac de Jeanne,
pour qu'elle pût se rafraîchir quand elle aurait trop chaud.

Comme elles traversaient la grande route pour revenir chez la mère Nannette, après avoir achevé leur
tournée, la petite Jeanne vit briller un objet au soleil; elle courut le ramasser et l'apporta joyeusement à
sa mère.

«Voyez donc, maman, le joli collier que j'ai trouvé; je le mettrai dimanche à mon cou.

--Ma fille, ceci est un bijou qui se porte autour du bras et qu'on appelle bracelet. Il n'est pas à nous, et
nous ne pouvons pas le garder.

--Pourquoi donc, maman? Puisque je l'ai trouvé, c'est bien à nous.

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